Un monument domine Pecs, depuis les hauteurs du massif du Mecsek. Il a été érigé là par la Hongrie en l’honneur de 126 soldats de la Grande Armée de Napoléon morts à Pécs en 1809.
Cent ans après leur décès, un groupe de citoyens de Pecs, réunis en association a pu rendre cet hommage aux soldats français, grâce à la générosité de Miklos Zsolnay, industriel de Pecs, fabricant de porcelaine d'art réputée.
Restauré une nouvelle fois en 2005, le Monument aux français témoigne des liens qui rapprochent depuis des siècles la Hongrie et la France, malgré, parfois les difficultés liées à l'Histoire.
Des tombes de soldats français ont été découvertes ces dernières années à proximité du monument. Des fouilles sont en cours.
Sur le côté du monument, on peut lire :
DE LA GLORIEUSE GRANDE ARMÉE
À L'OCCASION DE LEUR REPOS CENTENAIRE PAR SENTIMENT CHEVALERESQUE
LEURS AMIS HONGROIS
MCMVIII
D'après Krisztián Bene, ces soldats morts à Pecs étaient des rescapés de la bataille de Raab.
Préparant ce qui sera sa dernière grande victoire, Napoléon évacua toutes ses troupes valides vers la région de Wagram. Les blessés et les malades restèrent en Hongrie et furent soignés avec les soldats des autres nationalités qui avaient pourtant combattu contre les Français. Dans les rangs français, on nota que 2 000 à 3 000 soldats, majoritairement des blessés, étaient absents à la fin de la bataille.
À Pecs, se trouvait un hôpital impérial militaire. C'est donc naturellement là qu'on rassembla les soldats invalides. Comme ils étaient beaucoup trop nombreux, l'hôpital occupa un certain nombre d'autres lieux dans la ville, des auberges, des couvents, l'évêché... et dans les localités environnantes.
Selon les examens des médecins de l'époque, la plupart des soldats souffraient du typhus. Par conséquent, le logement des malades dans les maisons des habitants de la ville était interdit, en raison du risque de contagion très élevé.
C'est donc dans ce contexte que 126 soldats de l'Empereur sont morts et ont été enterrés à Pecs.
L'inauguration du Monument
eut lieu le 31 mai 1908.
"Malheureusement, un nombre de personnages politiques hongrois renoncent à la participation qui entraîne l'absence de l'ambassadeur français de Vienne, Marius Philippe Corzier, qui est remplacé par le consul général français de Budapest, le vicomte Louis de Fontenay.
L'accueil officiel des invités a lieu au matin du 31 quand les hôtes français (le consul général, l'attaché militaire Giordon, le consul-adjoint Michel et d'autres membres de la colonie française de Budapest) et les journalistes arrivent à la gare par train.
La fête d'inauguration commence à 9 heures où Miklós Zsolnay salue les participants en langue française et demande au consul général de dévoiler le monument.
Le consul général prononce le discours d'inauguration de l'ambassadeur français de Vienne qui remercie pour les sentiments amicaux qui entraînent l'établissement du monument.
Enfin, c’est le maire de Pécs, Andor Nendtvich, qui prononce un discours bilingue franco-hongrois et annonce que la statue sera entretenue par la ville en gage de l'amitié entre les deux nations. L'inauguration est suivie par un banquet dans l’hôtel Nádor auquel tous les invités participent. A la fin du banquet, le consul général décerne plusieurs décorations, ainsi par exemple Miklós Zsolnay est décoré par la Légion d'honneur. A la fin de la journée, les invités rentrent à Budapest par le dernier train.". Extrait de l'étude de Krisztián Bene, Les soldats de Napoléon à Baranya (Les_soldats_de_Napoleon_a_Baranya.pdf)
On remarquera que le français était encore bien pratiqué à Pecs à l'époque ... |
(Photo Cserné Dr. Adermann Gizella)
La bataille de Raab
Lors des guerres napoléoniennes, la guerre de la Cinquième Coalition Européenne contre la France change beaucoup de choses pour la Hongrie, qui sera, pour la première fois, un théâtre de guerre.
Au printemps 1809, les troupes autrichiennes lancent une offensive contre les possessions françaises en Bavière, mais les résultats de cette opération furent modestes tout en infligeant une défaite à Napoléon lors dela bataille d'Essling les 21-22 mai.
La campagne française réussie en Italie du Nord sous les ordres du beau-fils de Napoléon, Eugène de Beauharnais, contribua au succès. L'armée autrichienne placée sous les ordres de l'archiduc Jean est repoussée jusqu'aux frontières de la Hongrie. Les premiers soldats français arrivent en Hongrie en mai. Le souverain autrichien convoque l'insurrection nobiliaire hongroise sur le champ de bataille, ce qui n'était pas arrivé depuis des siècles.
La bataille de Raab (ou de Györ en hongrois) a lieu le 14 juin. L'état-major autrichien, notamment le colonel Nugent, commet une faute importante quand il sous-estime les effectifs des troupes françaises et suppose que l'armée austro-hongroise est en supériorité numérique.
La réalité est bien différente : 39 993 soldats de l'Empire autrichien (28 997 fantassins et 10 996 cavaliers dont la moitié est constituée des insurgés) appuyés par 28 pièces d'artillerie doivent affronter 55 296 soldats français (41 814 fantassins et 13 482 cavaliers) dotés d'environ 144 canons.
L'armée autrichienne est défaite. l'archiduc Jean ordonne le repli général. L'Autriche reconnaît les conquêtes françaises, cède des territoires importants (83 000 km² avec 3,5 millions d'habitants) et paye une lourde indemnité pour la France et ses alliés.
Le 6 juillet 1809, après trois jours d'indécision, Napoléon 1er vaincra une nouvelle fois l'armée autrichienne à Wagram, au sud du Danube, non loin de Vienne. Ce fut la dernière grande victoire de Napoléon Ier, remportée sur les armées autrichiennes La «paix de Schönbrunn», imposée par la France à l'empereur d'Autriche François 1er, est signée le 14 octobre 1809. |