BANATerra - Une encyclopédie progressive du Banat -  Réalisation: Asociation Proiect Rastko Roumanie - Timisoara

 

 

 

 

 

Gouverneur de Transylvanie et collectionneur d'art europÉen

Un exemple qui peut bien illustrer les relations que l'Autriche-Hongrie, le Banat et la Transylvanie entretenaient avec les différents pays d'Europe. Issu d'une famille de Saxons, c'est à dire d'allemands arrivés avant 1720 dans le sud de la Hongrie, Samuel von Bruckenthal (1721-1803), juriste et gouverneur de Transylvanie de 1774 à 1787, possédait une collection d'art européen comprenant 1 300 tableaux dont beaucoup de flamands, qui le rendit célèbre. Après ses études, il entreprit de s'appuyer sur un réseau de marchands et de libraires dans toute l'Europe pour constituer sa remarquable collection. Celle-ci est exposée aujourd'hui au musée Bruckenthal de Sibiu (Hermannstadt en allemand). Musée saxon au début, il est devenu un musée national roumain par la suite. C'est lors de ses séjours à Vienne, qu’il constitua ses collections (de tableaux, d’estampes, de médailles et monnaies), ainsi qu’une précieuse bibliothèque, qu’il devait plus tard léguer à l’Université saxonne. Nommé gouverneur de Transylvanie, il retourna s’installer à Sibiu/Hermannstadt et, à partir de 1785, se fit construire sur la Grande Place (Großer Ring, Piata Mare), c'est-à-dire à l’endroit le plus en vue de la ville, un fastueux hôtel particulier de style baroque, le Palais Brukenthal.

 

La Hongrie et l'alimentation
de l'Europe

En 1861 et 1869, E. Bontous publia deux études sur les capacités pour la Hongrie de subvenir aux besoins du reste de l’Europe en matière de grains et de céréales. En 1861, l’auteur avait affirmé que : « alors que personne en Europe ne paraissait se douter des richesses prodiguées par la nature à un pays presque inconnu, nous disions que le moment était venu pour la Hongrie d'affirmer sa force productive et d'occuper un des premiers rôles dans le commerce européen ». Avant d’explorer l’état de la situation des transports actuellement et de projeter quelques plans qui pourraient permettre à la Hongrie de maintenir ou même développer son niveau d’exportations dans les décennies à venir.

Poursuivant sa démonstration, il explique : « Dans la période écoulée du 1er juillet 1867 au 1er juillet 1868, il est sorti des frontières de la Hongrie, en céréales de toutes natures, une quantité de 30,801,557 quintaux. Si nous ajoutons à ce chiffre celui de 2,807,704 quintaux de farines exportés dans la même période, et si nous convertissons le tout en metzens [Unité de mesure autrichienne du grain correspondant à environ 40 kg], nous avons un total de 41,172,962 metzens que la Hongrie, dans l'espace d'une année, a fournis à la consommation étrangère. — La Hongrie peut donc dire que dans cette année, si pénible pour l'Europe, elle a nourri, outre sa propre population, 14 ou 15 millions d'hommes, et lorsque, après douze mois d'un mouvement uniquement limité par les moyens de transport, l'époque de la nouvelle récolte a amené un moment de répit, la féconde nourrice était loin d'être épuisée ». On le voit, tous les espoirs de développement auraient pu être au rendez-vous, si les transports avaient pu suivre.

L’auteur passe ensuite en revue les moyens routiers peu propices au transport sur de longues distances, les rivières confluant vers le Danube, peu nombreuses qui nécessiteraient le creusement de canaux complémentaires, et le chemin de fer en développement, mais qui ne semble pas encore passionner les autorités en raison du coût des travaux nécessaires. L’étude est appuyée par de multiples tableaux statistiques sur plusieurs années, concernant les exportations de céréales et de farines, dans les différentes directions, par la Hongrie y compris le Banat, ainsi que sur les flux des céréales à travers les différents pays d’Europe.

Après avoir estimé les besoins annuels récurrents des différents pays en blé et céréales, il en déduit que : « Si la Hongrie veut consacrer chaque année, pendant dix ans, 6 millions de florins à établir 60 milles de chemins et 40 milles de railways ou de canaux, elle aura dans dix ans un ensemble de 1,000 milles de voies de communication locale ». Le revenu net du pays pourrait être sensiblement augmenté ainsi, selon l’auteur.

E ;Bontous poursuit en analysant les paramètres qui pourraient, en plus, faire baisser le côut des céréales à la livraison. Il en déduit qu’il faudrait absolument améliorer les voix d’eau, insuffisantes. Dans certaines directions, il faudrait renforcer ou prolonger les grandes lignes de chemins de fer et chercher en construisant de nouvelles routes à raccourcir les trajets, ce qui ferait gagner du temps et de l’argent. Il envisage la possibilité de faire baisser les coûts de certains transports de 15 à 20%.

Il poursuit de ses recommandations : « L'ouverture de deux voies navigables, l'une de la Theiss à Pesth, l'autre reliant le Banat au Franzens-Canal, apportera une économie de 15 kreutzers environ, par metzen, dans les prix de transport jusqu'au Danube. L'achèvement de la ligne du Nord hongroise, de la Franz-Josefs-Bahn, de l'OEsterreichischeNord-West-Bahu, de la ligne de Villach à Brixen, de la ligne d'Innsbruck à Bregenz, de la ligne d'Essegg à Sissek, de la ligne du Mont-Cenis et de la ligne de Gênes-Nice, apportera une économie de 15 à 30 kreutzers au moins par metzen, dans les prix de transport du Danube aux principaux marchés européens ouverts aux blés hongrois, au total 30 ou 50 kreutzers par metzen, depuis les stations de départ de la rive gauche du Danube jusqu'à destination ».

Et il termine, chose surprenante par ce que pourraient être les titres des journaux dans quelques années, et des tableaux fictifs statistiques affirmant que cela sera réalisable si ses recommandations suivies.

La Hongrie et l'alimentation de l'Europe - Deuxième étude par E. Bontoux, Paris, Imprimerie Centrale des Chemins de fer A.Chaix et Cie, rue Bergère à Paris, 1869

 

 

 

 BANATerra est un projet initié et développé par l'association "BANATERRA" de Timisoara

ÉCONOMIE

Hongrie et Banat, greniers à blé de l'Europe
et foyers de l'innovation industrielle et médicale

Le XIXè siècle fut pour la région du Banat et le Sud de la Hongrie une époque de développement économique remarquable. Et cela malgré des années de difficultés avec des épidémies, des catastrophes climatiques et quelques années de récoltes à faible rendement.

Epidémies, Catastrophes, Mauvaises récoltes Un intéressant tableau figure sur le site genealogy.net/privat/flacker/epidemien.html. Il recense les périodes de difficultés rencontrées par les Souabes du Banat par suite d'événements exceptionnels. Par exemple, on y apprend que la peste a sévi dans les années 1813-1815, la variole et la varicelle sévirent sérieusement dans plusieurs villages, le choléra fit des ravages entre 1830 et 1836, la Malaria fit aussi des siennes. Mais ce qui toucha le plus l'économie locale fut lié à des événements climatiques. Par exemple, on y apprend que des innondations dévastatrices eurent lieu assez souvent dans la première moitié du XIXè siècle : 1806, 1816, 1817, 1830, 1841, 1842, 1848, 1849. Les récoltes ont souffert de la grêle en 1816 et 1845. 1811, 1841 et 1842 furent de mauvaises années pour les rendements. Entre 1846 et 1850, ce sont les criquets qui s'en sont donné à coeur-joie pour détruire une bonne partie des récoltes. Bien sûr tous ces événements ne touchaient qu'une partie du Banat à chaque fois, mais les difficultés se répercutaient un peu partout. Et pourtant, la Hongrie du XIXè siècle, comprenant à l'époque le Banat, était parfois dénommée le Grenier à blé de l'Europe. Les récoltes y étaient quand même souvent généreuses.

Pour preuve l'histoire peu banale de Nathan Baumann

C'est ainsi qu'un jeune juif marchand de grain de Strasbourg, Nathan Baumann, né en 1831 à Fegersheim (Alsace), voyant en 1862 la médiocrité des récoltes en Alsace, eut l'idée de se rendre en Hongrie. Il avait appris par la presse que les récoltes y étaient abondantes, et se lança avec succès dans une activité d'importation du grain hongrois que les boulangers alsaciens apprécièrent particulièrement.

L'histoire de Nathan Baumann est racontée par son fils Achile Baumann, publiée dans un numéro du magazine de l'association de généalogie juive Genami, numéro 40, de juin 2007.

Achile Baumann a écrit et complété à partir de ses propres souvenirs et de la mémoire familiale l'Odyssée de son père. Un récit passionnant qui montre comment, à l'époque, les frontières n'arrêtaient pas les hommes ambitieux et inventifs. Voici quelques extraits : «Vers 1862, mon père s'établissait à Strasbourg au Fossé des Tanneurs n° 22, aidé par sa soeur Mathilde. Il signait alors « N. Baumann, Commerce de Grains et de Farines ». Il se fit une gentille et fidèle clientèle parmi les boulangers de Strasbourg. Son grand appui était M. Louis Albrecht, meunier de Sand près de Benfeld. Il lui vendait du blé et plaçait pour lui la farine à la commission dans les boulangeries de Strasbourg.

En 1862, l'été avait été humide, la récolte médiocre en quantité et en qualité, Monsieur Albrecht vint un jour chez mon père au magasin se plaindre de la situation et du manque de blé panifiable dans la région. « Ne voudriez-vous pas me rendre le service d'aller pour moi en Lorraine, où, paraît-il, la récolte est un peu meilleure, pour m'y acheter du blé ? »

Mon père, qui était au courant de la question et qui savait par les journaux que la Hongrie avait eu une récolte exceptionnelle, lui répondit : « En Lorraine, non - en Hongrie, oui ».

C'était à cette époque un projet sortant tout à fait de l'ordinaire. Jamais quelqu'un n'aurait osé y songer.

Le seul qui, comme il le constata plus tard, eut la même idée, était un marchand de grains de Sierentz, Léopold Dreyfus, qui, avec son père Louis, exploitait un commerce de grains et qui avait sa clientèle dans la Suisse voisine. C'était le fondateur et le futur grand chef de la maison « Louis Dreyfus & Cie à Paris ». Monsieur Albrecht, qui estimait beaucoup mon père et qui avait en lui une confiance absolue et bien justifiée, n'aborda le projet d'un voyage en Hongrie qu'avec beaucoup de réserve. Il fit valoir que sa trésorerie n'était pas suffisamment à l'aise pour des immobilisations relativement importantes.

Mon père l'introduisit alors à la Banque Gloxin, dont l'un des chefs était Monsieur Charles Staehling. Celui-ci se rendant compte de la portée de l'entreprise, mis au courant de la situation financière aisée de Monsieur Albrecht et appréciant beaucoup les qualités commerciales de mon père, n'hésita pas à mettre à la disposition de Monsieur Albrecht le crédit nécessaire pour pouvoir importer, le cas échéant, des blés de Hongrie.

Ils partirent alors ensemble pour Vienne et ensuite pour Budapest. Ils se rendirent vite compte que l'idée de mon père était excellente, que la récolte en Hongrie était parfaite, tant en qualité qu'en quantité, et que les prix pratiqués laissaient un rendement exceptionnel pour l'Alsace.

Monsieur Albrecht rentrait après un court séjour, tandis que mon père restait dans le pays pendant plusieurs mois. Avant tout, il approvisionnait le moulin Albrecht dans les meilleures conditions possibles, pour s'occuper ensuite de ses propres affaires. Son frère, aidé par sa soeur Mathilde, le remplaça très consciencieusement à Strasbourg.

Il vendit des blés de Hongrie tant aux boulangers de Strasbourg, qu'aux meuniers de la région, dans les Vosges, et jusqu'à Lunéville et Nancy. Il en vendait aux Intendances militaires. La banque accordait un crédit considérable à la jeune firme et les bénéfices réalisés, tant sur les importations de blé que ceux sur les graines oléagineuses du Danube, dépassaient toute espérance.

Deux ans après, mon père retournait en Hongrie, où il était alors très bien vu, surtout dans les grands domaines agricoles (Herrschaftsgüter ou biens nationaux) du Banat, de la Theiss, Temeswar, Szegedin, etc.

Ses grandes qualités de commerçant, son zèle et sa nationalité de Français l'aidaient beaucoup. [...]

La Hongrie perdit ensuite en intérêt et c'est en 1878 que mon père, qui aimait beaucoup ce pays et ses habitants, s'y rendit pour la dernière fois pour affaires. Il y resta plusieurs semaines et il nous rapporta des vêtements et des accessoires de gymnastique, anneaux, trapèze, balançoires, ...etc. qui, du reste, ne furent jamais montés faute de portique. Il avait alors 45 ans, ma mère en avait 34. Un sixième enfant leur était né en juillet 1878, c'était Irma....»

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Innovations mÉdicales

Inovations technologiques, travaux scientifiques et découvertes émaillèrent tout ce XIXè siècle. Le fait le plus marquant est la découverte de la vitamine C par un médecin biologiste de Szeged, en Hongrie actuelle.

En 1796, la famille de pharmaciens Knoblauch fonda à Orawitz la première pharmacie de l'industrie minière du pays.

En 1819, à Timisoara eut lieu la première vaccination contre la variole d'Europe centrale.

Devenu l'épice nationale, le paprika n'était plus seulement le remplaçant du poivre introuvable. Sa culture se répandit et son emploi se généralisa dans toute la cuisine. Les qualités du paprika intriguèrent également les savants et c'est ainsi que dans le paprika le savant Albert Szent-Györgyi découvrit la vitamine "C". Ce qui lui valut de recevoir le prix Nobel de médecine en 1937.

Crée en1869, la charcuterie familiale de Mark PICK à Szeged, fut une vraie réussite. En l’espace de 15 ans, son salami PICK était devenu une référence, d’abord en Hongrie, puis dans toute l'Europe.

DEVELOPPEMENTS INDUSTRIELS E T INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES

 

  


Un modeste puits de pétrole à Baile Calacea, petite station balnéaire, à 15km de Timisoara.

La Transylvanie dispose de ressources naturelles, comme le lignite, le fer, le manganèse, l'or, le cuivre, le gaz naturel, le sel, le soufre et le bois. À partir du XIXe siècle sont apparues des industries du fer, de l'acier, chimiques et textiles, ainsi que des exploitations forestières et des voies ferrées pour les desservir. Dès 1849, Orawitz possédait la première gare de chemin de fer du pays. La ville d'Hatzfeld (Jimbolia) connut un essor économique important dans la deuxième moitié du XIXè siècle, avec la construction de la ligne de chemins de fer et le développement de différentes industries.

En 1857, Timisoara devint la première ville d'Autriche-Hongrie dont les rues furent éclairées au gaz.. Et le 12 novembre 1884 elle fut la première ville d'Europe dont les rues étaient éclairées à l'électricité.

La construction du canal de la Bega (1760), le seul canal navigable de Roumanie, permit de transporter de grosses quantités de marchandises de Serbie, de Roumanie et de Hongrie. Connecté à Budapest et à Vienne, il permit d'excellents débouchés aux productions du Banat. Il traverse la Serbie, la Roumanie avant de se jeter dans la rivière Tisza, puis le Danube en Hongrie.

Et en 1899, à Timisoara circulait le premier tramway électrique de Roumanie.

En 1886, Timisoara met en place la première station de véhicules de secours de toute la Hongrie et de la Roumanie de l'époque.

En 1802, à Groß-Sanktnikolaus fut fondée la troisième école d'agriculture d'Autriche-Hongrie et la première de l'actuel territoire de Roumanie.

En 1917, Gustave Eiffel construisit un pont pietonnier à Timisoara.

Malheureusement le traité de Versailles signé le 28 juin 1919, redessinant les frontières Est-européennes, conjugué avec le développement de l'empire soviétique et le collectivisme, freinèrent les évolutions industrielles et scientifiques. La Hongrie perdit une grosse partie de son territoire et surtout de son panache, et la Roumanie ne pouvait que se maintenir dans l'ombre de l'URSS. Les relations avec l'Ouest et particulièrement avec la France ne furent plus aussi importantes, se limitant souvent à des opérations d'entraide ou de coopération technique d'aide au développement.

Szeged (Hongrie) récupèra les institutions qui se trouvaient dans les régions qui lui échappèrent. Le commerce et l'industrie s'y développèrent, de nouvelles écoles et institutions furent créées. En 1921, l'université de Cluj-Napoca (actuellement en Roumanie) fut transférée à Szeged, puis le siège épiscopal catholique de Timisoara (en Roumanie aussi) en 1923.

Aujourd'hui, l’économie héritée de la période communiste n 'a pas su faire preuve de suffisamment de capacités d’adaptation aux mécanismes du marché. La plupart des unités industrielles ont réduit leur production ou ont été fermées. Quelques groupes internationaux, dont des français, tentent de s'y installer et de redévelopper une dynamique industrielle.

L’agriculture, quant à elle, a quitté l'ère des immenses fermes collectives, et s’est orientée vers les pratiques d’autosubsistance, avec des rendements minimum.

 

 

Date de mise en ligne : 9 octobre 2006
Data de mise en place du domaine : 13 novembre 2006
 

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